Blog / À bas la Journée mondiale de l’éducation à l’environnement !

Vous en avez assez de la mode des « journées mondiales », plus ou moins farfelues, auxquelles il est de plus en plus difficile d’échapper ? Nous aussi. Et pourtant, nous allons malgré tout vous parler de celle du 26 janvier, Journée mondiale de l’éducation à l’environnement. Mais, ne vous inquiétez pas, nous vous indiquerons également comment vous en débarrasser.

Tout commence en 1972, à Stockholm, où se tient la Conférence des Nations Unies sur l’environnement humain. Au cours de cette conférence, il ressort qu’il est nécessaire de créer un cadre international pour encourager l’éducation à l’environnement.

En octobre 1975, se tient donc, à Belgrade, le Colloque International sur l’Éducation relative à l’Environnement. Dans la foulée et à l’unanimité, les 65 pays participants adoptent ainsi, en novembre, la Charte de Belgrade, qui présente les principes et les lignes directrices de ce que devrait être l’éducation en matière d’environnement à l’échelle mondiale.

Selon la Charte de Belgrade,

« Le but de l’éducation relative à l’environnement est de :
Former une population mondiale consciente et préoccupée de l’environnement et des problèmes qui s’y rattachent, une population qui ait les connaissances, les compétences, l’état d’esprit, les motivations et le sens de l’engagement qui lui permettent de travailler individuellement et collectivement à résoudre les problèmes actuels, et à empêcher qu’il ne s’en pose de nouveaux ».1

Les Nations Unies proposent la date du 26 janvier comme Journée mondiale de l’éducation à l’environnement, afin de rappeler et réaffirmer, année après année, la nécessité de sensibiliser les individus comme les gouvernements, à leur responsabilité dans la préservation de l’environnement.

Depuis cette date, et avec plus ou moins de force selon les pays, sont organisés des rencontres et des évènements pour faire connaître des projets de divulgation et d’éducation originaux et couronnés de succès, ou, plus simplement, des expériences ingénieuses de protection de l’environnement dignes d’être connues et susceptibles d’être reproduites, à travers le monde et à différentes échelles.

Citons, pour exemple, une initiative espagnole portée par l’ONG Ecoembes, spécialisée dans le recyclage des emballages. L’ONG promeut et soutient des actions concrètes, réalisées directement depuis des centres éducatifs (plus de 1800 à travers le pays), organisés en réseau : centres de tris sélectifs installés dans les établissements, mais également organisation d’activités, de projets, de concours en lien avec le recyclage et la protection de l’environnement.

À l’école María Auxiliadora de Saragosse, les professeurs ont ainsi organisé un projet de recyclage, qui fait participer non seulement les enfants, mais également leurs parents. Après avoir demandé aux enfants et à leur famille d’apporter en classe un certain nombre de déchets quotidiens, les professeurs ont enseigné aux plus petits comment classifier ces différents déchets et comment, dans certains cas, il était possible de leur redonner une seconde vie. Professeurs et élèves ont ainsi réalisé toute une collection d’instruments à base de bouteilles, pailles et cuillers en plastique, rouleaux d’essuie-tout en carton, boîtes de conserve, … et créé un véritable orchestre de maracas, tambours, flûtes de pan et autres. Ces mêmes instruments leur ont ensuite servi à interpréter une chanson de leur invention : « Au rythme de la nature », sur le thème de Queen et son We will rock you.

Une belle illustration de ce que peut être l’éducation à l’environnement, sans grands moyens. Comme l’écrivait le pédagogue brésilien Paulo Freire, « L’éducation ne change pas le monde, elle change les personnes qui, elles, vont changer le monde. »

Vous nous direz que tout cela ne vous indique toujours pas comment en finir une bonne fois pour toutes avec cette fameuse Journée mondiale de l’éducation à l’environnement. Rien de plus simple ! Rendons-là absolument inutile. Faisons de la protection de l’environnement notre quotidien et nous n’aurons plus besoin de cette journée symbolique. Agissons chaque fois que c’est en notre pouvoir, parlons autour de nous, imitons les bonnes idées et débarrassons-nous donc de cette Journée, et, par la même occasion, de celle de « la vie sauvage », « des forêts », « de l’eau », « des abeilles », « de l’océan », « de la lutte contre la désertification et la sécheresse », « de la protection de la couche d’ozone » et tant d’autres, dont l’énumération nous renvoie à nos insuffisances, année après année. Faisons notre part.

22 janvier 2020
Yasmina Guira
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Yasmina est géographe. Ses voyages ont commencé alors qu’elle était toute petite, à travers les livres, et ils se sont ensuite poursuivis grâce à la découverte de la géographie en classe, puis sac au dos.